Ecrire, c’est…
« Ecrire c’est dessiner une porte sur un mur infranchissable et puis l’ouvrir »
Christian Bobin, in L’homme-joie
Une porte. Sur un mur.
C’est un mur épais, froid, sombre, poussiéreux, qui n’invite pas au franchissement, franchement ! pas envie de s’y coller, de s’en approcher… et pourtant ma plume exploratrice s’y aventure, s’y colle, s’y glisse.
Elle y dessine une porte des songes, en nuages capitonnés. Il se pourrait bien que la plume téméraire trempe le bout de son nez au travers de sa serrure en perles de pluie.
Si fait, elle ose ! le capitonnage se met à fondre, le mur de la porte se fendille.
Rais de lumière. Lumière filtre le mur. Mur zébré de rayons.
Le mur tombe. Plus de mur.
Juste une vaste étendue d’eau où jeter l’encre.
Soit.
Au loin, un navire et son chargement de mots, de mots utiles, de mots inutiles, procède au tri de sa cargaison. Des mots en trop sont passés par-dessus bords sans autre forme de procès. Le capitaine s’allège. Il n’accepte d’embarquer à ses côtés qu’un équipage de mots poèmes et son porte-plume peut poursuivre sa traversée.